Ashtanga
L’Ashtanga Yoga se caractérise par un enchaînement dynamique de postures au rythme de la respiration. Cette tradition, issue de Krishnamacharya a été codifiée par Sri K. Pattabhi Jois dans l’ouvrage Yoga Mala. Mala fait référence au collier avec cent huit perles. Les postures physiques sont les perles qui reposent sur la structure essentielle, le fil : la respiration, les appuis, les engagements physiques internes et la concentration.
Les mots en violet sont en sanscrit, la traduction en turquoise (ou du moins la tentative de traduction car en sanscrit un mot a une multitude de significations, il n’est donc pas toujours correct de le traduire par un seul mot). Les noms propres sont en jaune.
Le yoga est intimement lié aux légendes et à l’histoire de l’Inde.
Les différentes formes du Yoga sont issues de l’Hatha Yoga qui est lié à deux grands courants religieux de l’Inde, le Veda (- 1800/ – 500) et le Tantra (500/1500). On distingue deux formes de textes fondateurs de la philosophie et religion indienne : la Śruti, les textes dit révélés sous forme d’ondes par une entité divine, et la smṛti, les textes écrits par des auteurs humains.
Le gourou est une personne dont la parole fait autorité. Il incarne la divinité à laquelle il voue un culte, et il éclaire ses disciples.
(En sanscrit Guru = poids, mais aussi gu = obscurité, ru = lumière)
Ces disciplines révélées ont pour but ultime moksa (libération). Il s’agit en effet de se libérer des samskaras (imprégnations) et des vâsanâs, résidus qui migrent et polluent l’esprit qui nous éloignent de notre être véritable. Cette libération est possible grâce à une sadhana, ascèse que le Yoga s’efforce de mettre en place. La pratique de la série de postures proposée par l’Ashtanga Vinyasa Yoga est une sadhana.
Pratiquer le Yoga, c’est rechercher moksa, la libération.
Yoga vient de Yuj, joindre, relier, unir, mais aussi, mettre au repos, arrêter, ce qui peut signifier : état de repos, état d’union. Yuj peut aussi se traduire par atteler, avec l’idée de se relier à ce qui essentiel. Yoga apparaît plusieurs fois dans la Bhagavad Gita, le chant du bienheureux, où Krishna, l’avatar de Vishnu, donne les clés du Yoga au héros Arjuna pour lui donner du courage, alors qu’il le conduit sur son char vers le combat pour rétablir l’équilibre du royaume.
Le Hatha yoga est codifié au XVe s. avec l’Hatha Yoga Pradîpika, la petite lampe sur le hatha Yoga, inspiré d’un yogin qui a répandu cette pratique dans tout le continent indien à partir du Xe s.
Cette nouvelle pratique est une révolution, elle s’adresse à tout le monde, alors que le Veda et le Tantra s’adressent exclusivement à des initiés hindous.
Le sage Bhagavan Patanjali (aurait vécu en 200 av JC et 300 av JC), auteur des Yogas Sutras, traité philosophique sur le Yoga, qui définit les huit disciplines de l’Ashtanga Yoga (ashta anga = huit chemins) :
- Yama, règles de comportement avec
Ahimsa, la non-violence, la tolérance, la bienveillance
Satya, la sincérité, aussi bien en pensée qu’en acte, l’esprit devient joyeux
Atseya, ne pas voler, ne pas tirer profit, ni d’une personne, ni d’une situation
Brahmacharya, utiliser l’énergie avec sagesse
Aparigraha, la non-possessivité et la modération - Niyama, attitude de purification du corps et de l’esprit avec
Saucha, la pureté
Santasha, le contentement
Tapas, l’autodiscipline, l’austérité
Svadhyaya, l’étude théorique
Ishvarapranidhana, la foi - Asana, les postures physiques
- Pranayama, exercice respiratoire
- Pratyahara, concentration intense
- Dharana, concentration continue
- Dhyana, la méditation
- Samadhi, état de félicité, état d’éveil total
Sri Tirumali Krishnamacharya était le maître de quatre célébrités dans le monde du Yoga, Désichakar, son propre fils, Indra Devi, fondatrice d’une école de Yoga en Amérique latine, Iyengar, qui enseigne la méthode Iyengar où l’on reste longtemps dans les postures, et enfin Sri K. Pattabhi Jois qui a enseigné l’Ashtanga Vinyasa Yoga, avec une une série de postures spécifiques.
S.T. Krishnamacharya était un descendant du sage Nathamuni qui lui est apparu, selon la légende, devant le temple de ses ancêtres sous un tamarinier au Tamil Nadu et lui aurait transmis les textes sacrés qui ont permis d’écrire le Yoga Rahasya.
Une autre personne importante, qui fut sûrement à l’origine de cet ouvrage et de l’Ashtanga Vinyasa Yoga enseigné par Sri K. Pattabhi Jois, est Yogisvara Sri Ramamohan Brahmachari de Mukti Narayana Ksetra, originaire du Népal, le gourou de Sri T. Krishnamacharya. Ce dernier serait resté sept ans et demi à étudier auprès de son gourou. La puja (rituel, offrande) due à son maître ne fut nullement une offrande matérielle, elle fut de fonder une famille et d’enseigner le yoga – 700 postures qu’il avait apprises là bas avec les maux qu’elles pouvaient soulager, les exercices de pranayama (contrôle de la respiration) la philosophie du yoga avec les yogas Sutras de Patanjali et l’Hatha Yoga Pradipika.
Le gourou a donc souhaité que son disciple mène une vie simple de père de famille et de professeur, plutôt que de faire carrière en tant que grand érudit. Krishnamacharya, issue de la caste la plus élevée, brahman, excellait dans toutes ses études; il était pourtant très sollicité par l’université, et de hautes fonctions lui étaient promises.
Le yoga invite donc à rester humble, quel que soit son niveau de connaissance et ses origines.
En pratiquant la série de postures de l’Ashtanga Vinyasa Yoga, on cherche à purifier le corps et l’esprit qui devient calme, totalement absorbé.
Ha, le soleil, représente l’aspect masculin ,Tha, la lune, symbolise l’aspect féminin. Le Hatha Yoga cherche à assembler ce qui est différent, c’est l’union des contraires.
Hatha, force ou effort soutenu, renvoie à former une réelle unité. C’est une recherche d’équilibre. Une partie ne peut être utilisée au détriment de l’autre. Les charges se répartissent afin d’harmoniser l’ensemble des forces. Le travail se réalise alors sans tension.
Afin de savoir doser, une profonde étude de soi est nécessaire, ce à quoi le Yoga invite.
Les trois premiers sutras de Patanjali
Atha Yoganushasanam
Le yoga va être enseigné de génération en génération. Pratiquer le yoga, c’est célébrer cette longue chaîne d’enseignement.
Atha Yoga Anushasanam
Le yoga met fin aux perturbations de l’esprit.
Tata drashtu svarupe avasttanam
Si nous laissons le spectateur, le témoin qui est au fond de nous s’installer, nous ne nous identifierons pas aux perturbations de l’esprit et nous serons unifié. Si nous nous identifions aux perturbations de l’esprit, nous serons divisé et affecté par des illusions.
Le Yoga Mala de Sri K. Pattabhi Jois fait référence au collier de prière avec cent huit perles, le Mala. Les postures physiques sont les perles qui reposent sur la structure essentielle : le fil.
Ce fil se compose de plusieurs éléments essentiels à la pratique de l’Ashtanga.
- La respiration en Ashtanga est spécifique, on l’appelle ujjayi, victorieux. Pattabhi Jois la nomme « la respiration sonore ». Ce son vient d’un engagement au niveau des muscles du plancher pelvien. Cette respiration favorise le prana – énergie dans le corps, souffle vital, qui circule à travers des canaux, les nadis, non visibles de manière anatomique. Le prana anime et purifie le corps, il circule sans blocage, sans nœuds dans les nadis. Toute tension est un blocage, il est donc important de ne pas forcer cette respiration, régulière, ample, fluide, légère et profonde.
D’après Chuck Miller, la posture doit être au service de la respiration, et non l’inverse. Ce doit toujours être la respiration qui prime, audible, douce et profonde. C’est le prana qui est en jeu, la vie. Le prana est d’ailleurs considéré comme une divinité en Inde.
- Les bandhas, verrous, technique de respiration à l’intérieur du corps qui engage, resserre et renforce le prana. Ils permettent d’aligner, de renforcer et d’assouplir tout le corps.
Il y en a trois :
- Mula bandha, verrou de la racine, permet d’enraciner le corps, notamment dans les postures assises. Il protège les organes abdominaux et la région lombaire, le bas de la colonne verticale, renforce et assouplit les organes génitaux. C’est l’activation de la région pelvienne, cela doit se sentir comme une aspiration.
- Uddiyana banda, le verrou du vol ascendant, aspiration du souffle du bas vers le haut, du pubis à la cage thoracique. Il déploie cette dernière, la région du cœur, et fait respirer toute la colonne tout en la soutenant, brasse les organes abdominaux, développe les fluides digestifs. C’est un grand purificateur dépolluant.
- Jalandhara bandha, verrou du menton, n’est pas utilisé dans les exercices posturaux, seulement pour le pranayama, exercices de respiration. Il équilibre la glande thyroïde, nettoie et renforce la gorge et le cœur. C’est une légère bascule de la tête qui abaisse le menton vers le sternum.
- Le vinyasa, Vi, bouger, nyasa, se placer. C’est un processus de respiration. C’est l’art d’harmoniser souffle et mouvement.
Pour Chuck Miller, c’est l’idée de cheminement. Le travail se fait petit à petit, avec soin, sans précipitation.
C’est aussi un mouvement de transition qui permet au corps de se délier, de prendre de nouvelles respirations à la sortie d’une posture pour mieux se préparer à entrer dans la suivante.
Cette technique réchauffe le corps, le rend plus souple. Le vinyasa est la méditation en mouvement, comme le décrit Petri Räisänen dans son livre Ashtanga Yoga traditionnel. Le compte des respirations — inspirations, expirations — devient essentiel, adapté à chaque mouvement pour entrer dans la posture, la développer et en sortir.
- Les drishtis sont des orientations du regard vers l’extérieur. Ils positionnent correctement la nuque et la tête durant la posture et ramènent finalement l’attention vers soi-même.
Hasragra, la main
Brumadhya, le troisième œil, entre les sourcils
Padhayoragra ou padangushtha, les orteils
Parshva, côté droit ou gauche
Nasagra, le nez
Urdhva ou antara, le haut, au dessus de la tête
Angushtha madhya, bout de la main
Chakra nabhi, le nombril
Les postures, les perles
D’après Pattabhi Jois, la pratique des postures, asanas est un des huit chemins (ashta anga) menant naturellement aux attitudes permettant d’accéder aux autres chemins, plus difficiles d’accès pour la plupart d’entre nous.
Chuck Miller rappelle bien que le yoga n’est pas un exercice physique, mais un exercice mental.
Pour débuter on se met en samasthithi (être en place), posture de première intériorisation, d’ancrage au sol, de mise en route de ujayi et des bandhas en tirant le prana du sol avec les voûtes plantaires, et celui du ciel avec le sommet du crâne.
La pratique des asanas est traditionnellement introduite par un mantra (son, chant, geste, attitude) qui célèbre les traditions, la chaîne des enseignants, le savoir qu’a transmis Patanjali. Ce mantra réchauffe tout de suite l’intérieur du corps et marque le passage du monde extérieur vers un monde intérieur lumineux, ce qui prépare physiquement et psychiquement à pratiquer correctement les asanas.
Il y a plusieurs séries : première série, série intermédiaire et séries avancées A, B, C et D.
La première série, Yoga Chikitsa, série thérapeutique, se concentre sur le nettoyage, l’assouplissement, l’équilibre du corps, le renforcement musculaire ainsi que la capacité de concentration.
La série intermédiaire, Nadi Shodhana, nettoyage des nadis, prolonge l’objectif de la première série et permet de travailler sur le système nerveux et les émotions profondes.
Les séries avancées, Sthira Bhaga (force stable), qui se décomposent en quatre séries, complètent les deux premières séries. Elles finissent de préparer aux exercices de Pranayama grâce à un travail de « déconditionnement ».
Toutes les séries de l’Ashtanga Yoga commencent avec les salutations au soleil suivies de postures debout. Elles s’achèvent toutes par la même séquence de fin. Entre ces deux parties invariables, les postures changent en fonction de la série pratiquée.
Suryanamsakara A, Salutations au soleil A
Suryanamsakara B, Salutations au soleil B
Postures debout
Postures de fin de série
La pratique exige beaucoup de rigueur, beaucoup de précision dans les gestes et les attitudes. Il est aussi essentiel de ne pas être trop strict, d’être détendu, de laisser le corps se découvrir et explorer la posture. On peut varier les techniques pour travailler une même posture. Si on va trop vite, cela peut être dangereux. Comme on le voit dans l’ayurveda (médecine indienne), tout peut être un poison, tout peut être un remède, c’est une question de dosage.
auṁ
vande gurūṇāṁ caraṇāravinde
sandarśita svātma sukhāva bodhe
niḥ–śreyase jaṅgali-kāyamāne
saṁsāra hālāhala mohaśāṁtyai
ābāhu puruṣākāraṁ
śaṁkhacakrāsi dhāriṇam
sahasra śirasaṁ śvetaṁ
praṇamāmi patañjalim
auṁ
Le premier vers est extrait du Yoga Taravali de Sri Sankarâchârya (un
maître de yoga d’Advaita Vedanta) et le deuxième vers est tiré d’une
prière à Patanjali plus longue, d’origine inconnue.
PATANJALA
MANTRA
MANTRA D’OUVERTURE
Om
Je m’incline aux pieds de lotus du Guru,
qui enseigne la connaissance, éveillant l’immense bonheur de la
révélation de soi même,
qui agit tel le guérisseur de la forêt
capable de dissiper les illusions d’une existence conditionnée.
Je me prosterne devant Adishésha
qui a des milliers de têtes rayonnantes et blanches
qui a pris la forme du sage Patanjali qui tient dans ses mains :
une conque, d’où sort le son divin;
un disque de lumière splendide à regarder
et l’épée flamboyante de la connaissance.
Om
auṁ
svasti-prajā-bhyaḥ pari-pāla-yaṁtāṁ
nyāyena mārgeṇa mahīṁ mahīśāḥ
go-brāhmaṇebhyaḥ
śubham-astu nityaṁ
lokāḥ samastāḥ sukhino-bhavaṁtu
auṁ śāntiḥ śāntiḥ śāntiḥ
Extrait du Rig Veda
MANGALA
MANTRA
MANTRA De clôture
Om
Que tout les hommes soient protégés et vivent en paix.
Que les dirigeants marchent sur le chemin de la justice.
Que soient bénis ceux qui savent que la terre est un endroit sacré.
Ainsi l’existence sera heureuse pour tous.
Paix pour l’individu, pour la collectivité et pour l’univers.
Voix de Petri Raïsanen – www.petriandwambui.com
Om
Om vande gurunam caranaravinde
Sandarsita svatma sukhava bodhe
Nih-sreyase jangali-kayamane
Samsara halahala mohasantyai
Abattu purusakaram
Samkhacakrasi dharinam
Sahara sirasam svetam
pranamami patanjalim
Om
Le premier vers est extrait du Yoga Taravali de Sri Sankarâchârya (un maître de yoga d’Advaita Vedanta) et le deuxième vers est tiré d’une prière à Patanjali plus longue d’origine inconnue.
PATANJALA
MANTRA
MANTRA D’OUVERTURE
Om
Je m’incline aux pieds de lotus du Guru,
Qui enseigne la connaissance, éveillant l’immense bonheur de la révélation de soi même,
Qui agit tel le guérisseur de la forêt
Capable de dissiper les illusions d’une existence conditionnée
Je me prosterne devant Adishésha
Qui a des milliers de têtes rayonnantes et blanches
Qui a pris la forme du sage Patanjali qui tient dans ses mains : Une conque, d’où sort le son divin;
Un disque de lumière splendide à regarder
Et l’épée flamboyante de la connaissance.
Om
Om
Svasti-praja-bhyah pari-pala-yamtam Nyayena margena mahim mahisah
Go-brahmanebhyah subham-ostu nityam Lokah samastah sukhino-bhavamtu
Om santih santih santih
Extrait du Rig Veda
MANGALA
MANTRA
MANTRA De clôture
Om
Que tout les hommes soient protégés et vivent en paix.
Que les dirigeants marchent sur le chemin de la justice.
Que soient bénis ceux qui savent que la terre est un endroit sacré. Ainsi l’existence sera heureuse pour tous.
Paix pour l’individu, pour la collectivité et pour l’univers.